S’extraire de sa zone de confort, de ses limites comme de ses schémas de jeu habituels exige de contrarier sa nature, de prendre des risques, d’aller parfois à contre-courant de ses propres règles et même de la théorie. Mais ce passage est obligatoire pour qui veut évoluer suffisamment pour jouer dans la cour des grands.
La plupart des joueurs de poker en ligne gravitent autour d’un certain niveau de jeu qui leur est familier. Ils en connaissent les marques surtout intuitives, et ils s’y sentent à l’aise. C’est dans cette « zone de confort » qu’ils déploient ou pensent déployer leur meilleur jeu. Les paramètres qui définissent cet « espace psychologique » sont de plusieurs ordres. Ils varient, aussi, d’une personne à une autre. Chaque joueur construit ainsi sa propre zone de confort. Mais la cave de départ et le montant des blindes jouent toujours un rôle prépondérant.
Par exemple, un joueur habitué à des blindes 2$/4$ sortira de la zone de confort en s’essayant à des parties où les blindes sont plus élevées, 3$/6$ ou 5$/10$. Une erreur, selon l’avis des experts ! Ce qui est souvent vrai, mais seulement à une certaine mesure, car à terme, en effet il est indispensable de sortir de sa zone de confort pour développer pleinement son poker, ses aptitudes, son style de jeu, pour monter de niveau et gagner au final de plus grosses sommes d’argent.
Pour sortir de sa zone de confort, il faut au préalable bien connaître celle-ci, car ça demande déjà une bonne dose d’expérience afin se savoir comment nos émotions se forment, vont et viennent autour d’une table de poker. Le concept de zone de confort est en réalité emprunter aux psychologues, qui se servent de cette notion pour accompagner leurs patients dans un processus de développement et d’épanouissement personnel. Dans la vie comme au poker, la plupart des individus sont, en effet, comme « enfermés » dans leurs habitudes, leurs comportements types ; un environnement émotionnel et psychologique particulier.
Être à l’aise dans sa zone
La zone de confort des individus est ainsi définie par l’ensemble des actions et des situations qui leurs semblent « naturelles », et dans lesquelles ils se sentent tout simplement à l’aise. La plupart du temps ils n’osent en sortir, de peur d’être déstabilisés, presque « agressés » par ce qu’il ne leur ai pas assez familier.
Une telle démarche constituerait un risque difficile à assumer. Cette zone de confort embrasse de nombreux aspect de la vie des individus : professionnel, social, sentimental, conjugal… Plus ils sont éloignés, moins ils sont en confiance. Evidemment la zone de confort d’une personne constituera une zone de risque, également appelé zone « limite » pour une autre et inversement.
Au poker la zone de confort devient perceptible lorsque l’on sait pertinemment que l’on prend les bonnes décisions. Plusieurs éléments concourent à l’apparition et au maintien de ce sentiment. A commencer par la taille du bankroll et de son évolution récente. La cave de départ ainsi que le montant des blindes, les sommes habituellement investies pour jouer un certain type de main ou lors d’une cession particulière jouent également un rôle important.
Prenons deux exemples atypiques, certes, mais révélateurs. La fortune personnelle de Bill Gates, qui règne sur un empire informatique mondial, est estimée à une cinquantaine de milliards de dollars. Bill joue au poker, et la plupart du temps au Texas Hold’em, variante qu’il affectionne particulièrement. Au regard de sa fortune et de sa bankroll, Bill le richissime joue à des limites peu élevées, 2$/4$, 3$/6$ et en tout cas jamais plus de 10$/20$, a en croire les témoignages des joueurs qui l’ont côtoyé.
Aussi riche soit-il, Doyle Brunson n’a pas la fortune de Bill Gates. Il est pourtant coutumier de la fameuse « Boddy’s Room » du Bellagio, à Las Vegas. On y joue a toutes les variantes. Et à des blindes allant de 400$/800$ à 800$/16000$ !! A de nombreuses occasions, Brunson a précisé qu’il ne jouait jamais à des parties où les blindes étaient inférieures à 400$/800$, sans quoi la partie ne serait pas intéressante pour lui. Des choses lui échapperait, il prendrait de mauvaises décisions et pourrait finir par perdre même en grand champion qu’il soit.
L’environnement – casinos, cercles de jeux, parties privées – participe aussi à installer cette zone de confort. Tout comme le type de variantes auxquelles ont est coutumier. Le type de jeu doit être également prit en compte, un joueur conservateur, plutôt serré mais passif, sera en effet décontenancé par un adversaire au profil large et très agressif. Le rôle de l’ego, enfin, tout comme les humeurs du moment.
A court terme vous obtiendrez probablement vos meilleurs résultats en restant cantonné à votre zone de confort. Là tout dépend de vos motivations, mieux vaut ne pas chercher à en sortir si ces résultats vous satisfont, ou si vous n’êtes pas prêt, ou ne désirez pas consacrer du temps et des efforts à leur amélioration.
Une transition inconfortable
En revanche si vous ne tentez jamais de vous aventurer en dehors de votre zone de confort, vous n’acquerrez jamais les aptitudes permettant d’augmenter vos gains dans le cadre de votre jeu de prédilection, de maîtriser d’autres variantes et de gagner davantage grâce à leur pratique et, d’une manière plus générale, d’élargir et d’adapter votre jeu à une multitude de situations.
Par exemple, si vous ne jouez jamais à des parties où des blindes sont plus élevées que votre zone de confort ne l’autorise, il vous sera impossible de développer les capacités permettant de gagner à ces plus hautes limites. Si vous jouez jamais à des parties en short-handed, vous aurez énormément de mal à atteindre les places payées d’un tournoi de ce format, et encore plus les podiums.
Si vous n’expérimentez jamais les coups difficiles et inconfortables comme le squeeze, le check-raise en semi-bluff ou le 3-bet light hors de position contre un relanceur en position tardive que vous suspectez de vol, vous devrez faire face à des situations et à des coups que vous rechignerez à faire ou que vous serez tout simplement incapable de réaliser.
Le principe est simple, plus vous recherchez à affiner la qualité de votre poker, plus cette démarche vous conduira à sortir de vos habitudes de jeu et de faisant à élargir votre zone de confort. Une démarche qui comporte deux risques, financier et psychologique. Vos gains déclineront probablement et votre confiance en vous aussi, un constat et des sensations aussi inconfortables constitueront à n’en point douter autant de freins puissants à vos efforts de changement.
Si vous souhaitez devenir un gros gagnant il vous faudra donc comprendre quel est votre style de jeu, quelles en sont vos origines, vos avantages et inconvénients, et comment s’y prendre pour le modifier. Il vous faudra admettre dans quelle mesure votre personnalité affecte votre manière de jouer. Plus celle-ci sera imbriquée dans votre style de jeu et plus il vous sera difficile de le modifier.
Nouveau style, peau neuve
Mais à force de persévérance, les qualités que vous développerez vous permettrons de disputer des parties de plus en plus intéressantes, sur le plan technique comme sur le plan financier.
Il vous faudra prendre des risques pour pousser votre adversaire à la faute, ce qui nécessite souvent quelques écarts donc parfois des erreurs, par rapport à la théorie. Il faudra réviser le dosage des relances, leur fréquence, exploiter de plus en plus la position et tenter davantage de bluffs.
Ces changements devront être progressifs sinon c’est l’échec assuré. Avant d’en arriver là ne vous laisser pas démoraliser par quelques sessions perdantes. Ces défaites ne doivent modifier en aucun cas vos décisions de jeu, ni affecter votre attitude, ni vos jugement et encore moins votre motivation. Gardez toujours cela en tête, les personnes qui connaissent le succès, dans la vie comme au poker, se trompent et chutent beaucoup plus de fois que celles qui ne réussissent pas ! Elles prennent des risquent, tentent de nouvelles choses, commettent des fautes, trébuchent, mais se relèvent et essayent à nouveau d’apprendre de leurs erreurs passées. Ne dit-on pas que la chance sourit aux audacieux ?
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