Le jeu illégal continue de plomber le secteur des jeux d’argent et de hasard en France. Dans son étude commanditée par l’ANJ, Pricewaterhouse Coopers (PwC) a révélé que le manque de canalisation des joueurs est de plus en plus alarmant. Les joueurs préfèrent de plus en plus se diriger vers des sites de jeux offshores. Ceux-ci sont jugés moins contraignants que les sites réglementaires. Il en résulte que la moitié du trafic sur internet est accaparée par les sites de jeux illégaux. PwC a compté en tout 510 sites de jeux illégaux dans l’industrie française du jeu.
Le manque de canalisation des joueurs devient criant en France
Le problème du manque de canalisation des joueurs est l’un des plus importants que présente l’industrie française du jeu de hasard. La canalisation des joueurs désigne l’orientation de ceux-ci vers les sites de jeux légaux et réglementés. Cette tâche est du devoir des autorités. En France, c’est le régulateur du secteur du jeu de hasard et d’argent qui s’en occupe. L’ANJ (Autorité Nationale des Jeux) est le gendarme du secteur des jeux en France.
Dans ses derniers déploiements, l’organisme public fait montre d’une réelle prise en compte du problème du manque de canalisation des joueurs en France. C’est du moins ce que révèle son dernier rapport sur les sites de jeux illégaux en France. Rapport rendu au terme d’une étude commandée par l’ANJ et menée par la société Pricewaterhouse Coopers.
Au niveau européen, la France n’est pas le seul pays à faire face au problème du manque de canalisation de ses joueurs. En Suède ou encore en Allemagne, les organismes chargés de l’industrie des jeux ont eux aussi fait face à des problèmes de même nature. Un ensemble de mesures combinant rigueur de la réglementation et sensibilisation des consommateurs avaient été prises pour inverser la tendance.
En France aujourd’hui, le problème reste encore entier. Les plateformes de jeux offshores continuent de faire perdre de l’argent au secteur réglementé des jeux. Le défaut d’une canalisation adéquate des joueurs devient ainsi le problème le plus urgent à résoudre pour l’organisme de régulation. La seule réglementation des opérateurs locaux ne suffit de toute évidence pas à contenir le problème.
Le rapport de l’ANJ dresse un état des lieux sur l’impact des sites de jeux illégaux en France
Dans son rapport rendu dernièrement, le régulateur dresse un bilan de la situation actuelle en France, notamment s’agissant des conséquences des sites de jeux illégaux dans l’industrie. Le prestataire Pricewaterhouse Coopers qui a été mandaté pour réaliser cette étude met en lumière toute la dimension importante du jeu illégal en France. Cette envergure surdimensionnée des sites illégaux justifie ici l’attrait massif des joueurs français vers les offres de jeux offshores.
Pricewaterhouse Coopers avait pour mission d’étudier l’écosystème du jeu de hasard en France et de ressortir des données sur les sites de jeux illégaux. PwC a ressorti le nombre et le fonctionnement des sites de jeux offshores qui proposent leurs offres de jeux au public français. Son étude a permis au régulateur de comprendre un peu plus pourquoi les joueurs sont-ils à ce point intéressés par ces sites illégaux.
Parmi les éléments relevés par PwC, il y a notamment la légèreté ou l’absence de rigueur dont font preuve des sites de jeux illégaux à l’égard des joueurs. Dans une logique de comparaison entre les sites réglementés et ceux illégaux, les joueurs trouvent moins contraignant de jouer sur les sites de jeux illégaux. Les raisons évoquées sont multiples. Il y a entre autres le défaut de vérification de l’identité des joueurs ; un joueur exclu du circuit légal peut facilement se rabattre sur les sites offshores. Le défaut de limites quotidiennes ou hebdomadaires sur le montant de la mise est également évoqué. Les joueurs peuvent jouer sans limites de budget. Enfin, il y a le défaut de limite d’âge. Aucune vérification sur l’âge des joueurs n’est effectuée dans les sites offshores.
De tels facteurs et bien d’autres encore sont des raisons pour lesquelles les joueurs sont plus intéressés par les offres de jeux offshores. Ces mêmes facteurs sont incompatibles avec les concepts de jeu responsable ou encore de protection des joueurs. Ils exposent les joueurs, par leur seule existence, à de nombreux risques de jeu problématique et de dépendance au jeu.
Le régulateur a opportunément déclaré dans une allocution, la nécessité d’une réaction forte et appropriée. Il avance que l’intensité et les risques liés aux offres offshores témoignent désormais de l’importance de prendre de toute urgence de nouvelles mesures adaptées et sévères. Ces nouvelles mesures, en plus de celles déjà existantes, vont permettre de lutter plus efficacement contre les sites de jeux offshores.
Pricewaterhouse Coopers fournit des chiffres renversants
Les chiffres obtenus par Pricewaterhouse Coopers (PwC) et fournis dans le rapport du régulateur ANJ rendent compte du poids et de l’influence du jeu illégal dans l’industrie française des jeux. Sur une vue d’ensemble, le marché des jeux de hasard en France pèse 13 milliards d’euros. Dans ce montant, 2,96 milliards d’euros représentent le poids du marché des jeux d’argent en ligne. Celui-ci comprend le poker, les courses hippiques et les paris sportifs.
Plus en détail, les informations obtenues par PwC indiquent que de toutes les options de jeu fournies par les sites illégaux, les casinos en ligne offshores sont de loin l’offre la plus populaire. La prééminence de l’option de jeu de casino en ligne offshore accentue davantage l’exposition des personnes vulnérables au risque de dépendance et de troubles liés au jeu. De manière chiffrée, l’étude de PwC indique le montant des dépenses engagées pour la lutte contre les sites illégaux. PwC révèle un montant allant jusqu’à 1,5 milliard d’euros.
Lors de son étude, PwC a noté que les sites de jeux d’argent en ligne illégaux s’accaparent de la moitié du trafic sur internet, soit 50 % du trafic. Cet important pourcentage de trafic est justifié par les différents contenus que propose le marché illégal des jeux. Les sites offshores proposent aux joueurs des jeux de casinos tels que le blackjack, la roulette, le craps et les machines à sous.
Encore plus loin, Pricewaterhouse Coopers a révélé dans son enquête l’existence de 510 sites de jeux illégaux au total. Ces sites ont pour cibles les casinos en ligne en France. À noter pour plus de précisions que l’essentiel de ces casinos possède des licences de jeux de Curaçao. 79 % de leurs revenus sont générés par des pratiques de jeu à risque. Il est fait allusion ici à des pratiques qui exposent les joueurs à des risques de dépendance et autres troubles liés au jeu de hasard.
PwC établit le profil des parieurs sur les sites de jeux illégaux
Pricewaterhouse Coopers a ressorti lors de son étude le profil de personnes adeptes de jeux illégaux. Une référence importante qui enrichit davantage le rapport du régulateur ANJ en révélant leur nombre total. Le secteur des jeux illégaux compte actuellement en France, environ 3 millions de participants. Font partie de cet effectif, toutes les personnes qui se retrouvent volontairement ou accidentellement reconduites vers des sites de jeux offshores.
Tout cet effectif n’est pas à prendre à un même niveau d’implication dans les sites illégaux. Si tous participent de manière plus ou moins active au jeu illégal, tous ne soutiennent pas pour autant leur volonté à jouer expressément dans les sites de jeux illégaux. Près de la moitié des joueurs recensés admettent ne pas avoir connaissance du statut illégal du site de jeu au moment de jouer. Tandis que bon nombre d’entre les joueurs interrogés marquent un net intérêt pour les machines à sous en ligne.
L’enquête de PwC révèle en outre que 35 % des participants aux sites de jeux illégaux font usage d’un VPN. Par ce moyen, ils se garantissent l’accès aux sites de jeu en ligne offshores.
Le régulateur ANJ se saisit du problème
À la suite de l’enquête menée par Pricewaterhouse Coopers, l’Agence Nationale des Jeux a pris la mesure du problème de la canalisation des joueurs et de la persistance des sites de jeux illégaux. Le régulateur du secteur des jeux de hasard en France dispose désormais d’un plus important panel de mesures à son actif.
Pour rappel, en 2022, l’ANJ avait bénéficié d’un renforcement de ses pouvoirs. Par le passé, son intervention était assez lourde et protocolaire, notamment s’agissant de ses ordres de blocage de sites de jeux illégaux. L’ANJ devait jadis s’adresser à l’organe judiciaire. C’est ce dernier qui ordonnait le déréférencement du site indiqué. Une procédure qui plombait lourdement l’efficacité du régulateur.
Depuis 2022, l’ANJ dispose elle-même du pouvoir d’ordonner auprès des hébergeurs, le blocage des adresses Urls des sites de jeux illégaux. Les ordres de blocages administratifs sont ainsi rendus avec plus de célérité et assurent une efficacité plus importante dans la lutte contre les sites de jeux offshores. Comme indicateur, le régulateur a déjà fait bloquer à ce jour environ 1230 sites de jeux illégaux depuis 2022.
Ce chiffre record obtenu en un an et demi serait pratiquement égal au nombre de blocages judiciaires déjà effectués depuis la création de l’organisme. Et ce n’est pas tout, car l’ANJ poursuit son travail d’assainissement du secteur des jeux de hasard en France.
Par ailleurs, le blocage de sites n’est pas le seul moyen de lutte à la disposition de l’ANJ. Le régulateur peut également intervenir par des avertissements ou mises en garde contre les hébergeurs des sites de jeux offshores. Il peut également faire pression auprès des prestataires de services financiers qui rendent possibles les transactions financières entre les joueurs et les sites de jeux offshores.
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